Deux semaines et je m'habitue déjà : bus, RER A, marche depuis Aubert en passant par Haussman et St Augustin. Chaque jour est à la fois semblable et différent. Chaque jour j'attends le moment où en sortant de la station Aubert, avant la dernière ligne droite en tapis roulant, quelqu'un me tiendra peut-être la porte que je tiendrais à mon tour à quelqu'un. Premier rituel. C'est presque rien et pourtant c'est un petit moment symbolique pour moi, un élan de solidarité, un instant de "quelqu'un fait attention à moi et je fais attention à quelqu'un" ... Un presque rien qui n'est pas si évident à rencontrer. Un rituel qui me manque profondément quand il n'y a personne devant moi, et qui me réchauffe le coeur de bon matin quand je réponds "merci" à la personne qui m'a attendu pour que je saisisse la porte et quand je réponds en souriant "de rien" à la personne qui me dira à son tout merci. Dix minutes de marche plus loin, juste à la hauteur de l'église saint Augustin, chaque matin, il m'attend, c'est un petit clochard bedonnant, il a cet air très "parisien dans le temps", presque l'air d'un bon vivant. Deuxième rituel. Il est là debout à côté du poteau qui est juste sur ma gauche une fois que j'ai traversé au passage clouté. Je l'aperçois d'abord de profil, il est toujours face à l'église, toujours debout, toujours exactement au même endroit. Il dit bonjour à chaque passant, sans exception, et sans exception j'ai toujours un regard et un bonjour pour lui, parfois aussi quelques pièces dans mes poches que je prépare quand j'approche de l'endroit fatidique. Je ne sais pas s'il est français, il bredouille des choses en regardant l'église, je ne sais as trop quoi mais il sourit et moi j'aime le voir chaque jour.
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